Elizabeth Debeunne
Interview : Elizabeth Debeunne, Vice-présidente de Grenoble Alpes Métropole chargée de l’économie sociale, solidaire et circulaire
Depuis plus de quatre ans, Elizabeth Debeunne est une partenaire précieuse qui porte avec conviction le sujet de l’ESS et de l’économie circulaire pour le territoire. Elle a accepté de se livrer pour nous au jeu de l’interview !
Elizabeth, pouvez-vous nous parler de votre motivation pour porter ce mandat de Vice-Présidente ?
Cette délégation à l’ESS et l’économie circulaire me tient particulièrement à cœur parce que je suis convaincue que nous sommes à un tournant de notre système économique et social. Nous parlons de plus en plus de transitions, donc de changements. Il nous faut trouver une autre manière de fonctionner, de produire, de consommer, de gérer nos flux et nos déchets, mais aussi de travailler et de vivre ensemble. Pour la planète mais aussi pour sortir d’une dépendance et trouver une souveraineté de l’homme sur l’économie. Remettre les choses à l’endroit en fait. Nous avons des besoins auxquels il faut répondre par des biens et des services. Mais nous avons un travail énorme pour que l’humain, et non le profit, soit à la base et au cœur de ce processus. Je crois que l’ESS possède depuis longtemps les valeurs essentielles à ce changement de paradigme. Pour une plus grande prise en compte du respect de notre environnement, et pour un prendre soin de l’homme, de la société, parce que nous aspirons à vivre bien, ensemble.
Quel engagement cela représente-t-il ?
C’est pour moi d’abord un engagement auprès des structures et des porteurs de projets de l’ESS. La métropole finance des projets, mais pas seulement. Nous tenons à avoir une connaissance fine des entreprises, de leurs évolutions, de leur fonctionnement. Non pas dans un désir d’ingérence mais pour pouvoir répondre de façon juste aux différents besoins ou questionnements qui nous reviennent. Pour pouvoir orienter nos politiques en fonction des besoins locaux. C’est un travail de collaboration et de coopération. Je porte une « stratégie politique » de développement de l’ESS sur le territoire, mais rien ne se fait sans la participation active des acteurs. Nous réfléchissons ensemble, nous travaillons ensemble pour définir ce qui est important de porter et les actions à pousser. Je porte aussi la voix de Grenoble Alpes Métropole dans les différentes instances nationales. C’est aussi un travail de communication, de sensibilisation…
Pour l’économie circulaire, c’est une délégation enthousiasmante car politiquement nouvelle, et tout est à construire. Pour rendre peu à peu tous les pans de notre économie plus résiliente, plus sobre, plus respectueuse des ressources, plus économe en énergie, plus adapté aux besoins réels, plus tourné vers le bien vivre et le bien-être au travail… il y a du travail justement. Là aussi nous sommes à un tournant. De l’industrie aux PME, des grands groupes aux artisans… De plus en plus d’acteurs remettent en question leur mode de fonctionnement, et ont besoin d’être soutenus. Nous venons d’initier le réseau « circul’alpes » pour permettre aux entreprises de travailler ensemble à ces transformations. Nous avons également ouvert un site que l’on veut emblématique de l’économie circulaire sur la métropole : le Pôle R, avec de nombreux acteurs de l’économie circulaire. Un atelier de réparation et reconditionnement d’électroménagers, des acteurs de l’anti-gaspi alimentaire et de la consigne… je pourrai vous en parler longtemps !
Grenoble Alpes Métropole est partenaire de GAIA depuis sa création : que représente pour vous ce partenariat ?
Le partenariat de GAM et de GAIA est pour moi une grande richesse. Je vous le disais, une volonté politique peut être très ambitieuse, mais elle ne peut être vraiment active et agissante que par et avec les acteurs. Lorsque GAM soutient un porteur de projet, nous savons qu’il pourra bénéficier d’un accompagnement professionnel, de formations adaptées, de soutien sans faille de la part de GAIA. Nous nous appuyons sur l’expérience de la structure et son professionnalisme, les relations sont fluides. Nos enjeux sont communs, avec une même volonté de transformer l’économie.
Si vous deviez choisir une image pour résumer GAIA, ce serait laquelle ?
Ce serait celle de votre logo que j’aime beaucoup. L’image de la fleur de pissenlit. Un coup de vent et toutes les graines se dispersent pour aller essaimer ailleurs, plus loin, et « donner du sens à l’économie ». C’est cette image d’essaimage en actes pour une économie positive et porteuse de sens.
Quel regard posez-vous sur la place des collectivités dans la gouvernance des associations locales ?
Je pense que les collectivités doivent être une présence de soutien, d’accompagnement, de collaboration des associations dans leurs actions. Il est utile qu’elles soient représentées dans les conseils d’administration, pour une nécessaire inter connaissance, pour pouvoir y partager des enjeux de territoires, des lignes politiques choisies à construire ensemble. Mais il ne doit évidemment pas avoir d’ingérence des collectivités dans la gouvernance propre des associations. C’est une présence bienveillante qui veille à ce que les associations gardent le cap d’un modèle économique viable et répondent aux besoins du territoire. C’est une réponse un peu « idéale » mais je pense qu’elle est juste !!
Comment voyez-vous l’ESS sur la métropole dans 10 ans, face aux défis de transition et d’innovation sociale ?
Nous avons la chance d’être un territoire riche en ESS et cela depuis plusieurs décennies. C’est un terreau de structures nombreuses, dynamiques, bouillonnant d’idées, d’envies. Jusqu’à présent, l’ESS était un milieu un peu à part. Aujourd’hui, les défis de transitions économiques et sociales concernent toute notre société. Et l’ESS, par son ADN, possède toutes les qualités pour « embarquer » l’ensemble de l’économie dans le changement.
Dans 10 ans, l’objectif, c’est que l’ESS soit le fonctionnement économique « normal », classique de toute entreprise… C’est une ambition qui prendra sûrement un peu plus de temps… mais les challenges font avancer ! Pour cela, il faut aussi que l’ESS gagne en légitimité, en assurance et en sens du marketing. Je sais c’est un gros mot… mais le marketing mis au service d’une économie humaine, de sens, de proximité, de réponses aux besoins réels de nos sociétés, du respect de la planète et de ses habitants… c’est une mise en avant d’un énorme levier de changement !
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